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Inception

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les avis de Cinemasie

5 critiques: 3.4/5

vos avis

13 critiques: 3.92/5



Xavier Chanoine 3 Du lourd, de passionnantes visions/illusions mais difficile de s'y retrouver
Ordell Robbie 3 Un concept, un cast, des tunnels explicatifs et un filmage balourd de l'action.
Ghost Dog 4 Habile mise en abîme onirique de notre réalité
drélium 3.25 Extrêmement maîtrisé mais glacial et sans aucune suprise.
Arno Ching-wan 3.75 Toupie or not toupie ?
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Toupie or not toupie ?

Nolan, réalisateur parce qu’il n’a pas pu être magicien à en croire Le Prestige et, surtout, ce film-ci, nous fait un sacré tour de prestidigitation avec sa toupie inceptionnelle. D’un côté, tout le monde s’en va revoir le film pour tenter de bien comprendre le trip, de l’autre, les producteurs, plus terre-à-terre, en sont déjà à vouloir décliner cette magnifique formule magique qui fait revenir en masse les gens dans les salles.

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Malgré quelques gros emprunts au Paprika de Satoshi Kon (l'ascenceur et ses différents niveaux de rêve, la machine à rêver, le héros qui doit vaincre ses propres démons pour pouvoir résoudre sa mission et inversement), Inception, blockbuster cérébral, est rempli ras la gueule de références, d’indices, de clefs. A nous, alors, de trouver le pourquoi du comment ? Oui, c’est le jeu. Inception c’est cela, un gros délire ludique avec suffisamment de fond pour bénéficier de plusieurs niveaux de lecture. Et au-delà, car à vouloir comprendre les rêves on se retrouve soudain à vouloir tripoter Dieu, donc la mort, seul et unique niveau de compréhension. Arghl !

Les clefs - ou fausses pistes ? - , en voici quelques unes de plus, trouvées sur des forums éparses, passionnés, et dans mes quelques bribes de cervelles.

- Le personnage de Marion Cotillard s’appelle « Mal ». En français, c’est au diable que cela fait allusion, auquel cas comme l'objet toupie garante de la réalité de Cobb (Di Caprio) appartient en réalité à elle, sa femme « décédée », on peut croire qu’elle n’est pas morte mais revenue soit à la réalité - pas la toupie Bernard (parce que Bernard toupie), mais Marion -, soit à un niveau supérieur de rêve, et qu’elle souhaite garder son homme avec elle ad vitam eternam. Ou bien est-il prisonnier des rêves d’une morte. Beuârk. 

- Restons sur Cotillard. Bête français que je suis, j’ai tout d’abord cru que la chanson « Non, je ne regrette rien » de Piaf avait été choisie comme clin d’œil au film de Dahan, La Môme, dont le rôle titre fut interprété par madame. Niet, le morceau fut choisi en amont, non pas par Marcel (parce que Marcel tout ça) mais par Nolan, ce qui évoque les regrets de Cobb quant à sa pseudo-inception sur Mal, ce démon qui lui torture son vaste intérieur. Nous avons ainsi l’objet à faire disparaître de son cœur : ses regrets, ce "mal".

- Toujours à propos de cette chanson : Zimmer avoue que son score est basé dessus. Un fan a déjà souligné sur Youtube que les cuivres graves employés, que j’ai d’abord assimilés aux trompettes de Jericho qui, selon la légende, détruisirent les remparts de la ville, donc une frontière imagée, sont en fait l’intro de la chanson de Piaf, variante du Boléro de Ravel, ralentie à mort. Fascinant.

- ... pseudo inception de Cobb sur Mal parce qu’elle ne tient pas debout. L’histoire des flics qui poursuivent Cobb, jamais développée, ne tient pas la distance. Ses certitudes n’en sont pas, comme le souligne Mal à la fin. Il s’est certainement lui-même inceptionné la tronche avec un mensonge au long court pour mieux fuir certaines évidences.

- Les enfants : d'où sortent-ils ? A en croire le film ils auraient été conçus avant que le couple ne fuit dans les rêves durant des années et des années. Comment donc ! Ils fuieraient ainsi leur chère et tendre progéniture ? Inconcevable... sauf si ces enfants ont été créés dans les rêves de Cobb. Dans ce cas, ils n'existent pas dans le réel. CQFD : la fin n'a rien d'une réalité.

- Ariadne, le personnage d’Ellen Page, fait allusion à la mythologie grecque. Petite déesse puisque fille de Minos, lui même fils de Zeus si j’ai bien tout suivi sur Wikipedia, elle aida Theseus à traverser le terrible labyrinthe du Minotaure. En guise de labyrinthe nous avons là les tourments de Cobb, sa perdition dans des limbes qu'Adriane va tenter de clarifier. Pour lui. Projection devient-elle ange ?

- La mission première est-elle un leurre ? De ceux chers à David Mamet (La prisonnière espagnole). L'arnaqueur arnaqué serait Cobb, et la mission visant à inceptionner Fischer (Cillian Murphy) qu'un moyen de mieux inceptionner Cobb. 

- Le flash forward d'intro n'en est peut-être pas un. Ne serait-ce pas plutôt la fin d'un rêve précédent qui s'enchaînerait avec le suivant ? Lors de la première scène, seul Saito parle. Dans la presque dernière, le pseudo doublon, Cobb et Saito parlent tous deux. Lui-même : Sméagol et Gollum ! Tout comme dans Memento, à cet instant le personne apprend la vérité, la refuse et replonge dans ses rêves. 

- ... ce qui collerait avec cette idée que le canevas scénaristique de Memento a été appliqué ici. Dans ce film de Nolan, Shelby (Guy Pearce) cherche la vérité, la trouve à la toute fin (est-il vieux, dans le coma ? Saito et Cobb ne font-ils qu'un ?...), puis, dégouté parce qu'il n'a dès lors plus de raison de vivre, la rejette. Les yeux de Cobb, lors de sa confrontation avec le vieux Saito, reflètent la terreur, l'horreur de la compréhension. Ce qui entraîne le rejet. "Retournons, jeunes, là-bas" lui dit-il.

- Ou alors... Cobb combat le Mal, ses propres démons, au fin fond des limbes, aidé par Dieu et ses comparses angéliques. Cobb gagne à la fin, il se débarrasse de Mal. Tout le film représenterait donc le purgatoire et, au final, on observerait la victoire de Cobb avec son entrée au paradis. Tout est bien qui finit bien… si cette inception est divine. Si elle est d’ordre maléfique, c’est le contraire et les apparences sont trompeuses, comme d'ailleurs beaucoup de choses éparses dans le métrage, des décors aux projections en passant par les faussaires, ceux qui se font passer pour d'autres. Après tout, à partir du moment où l'épatant Tom Hardy en interprète un, il peut y en avoir d'autres. Et le personnage de Michael Caine, à la fin, Dieu présumé, ne peut-il pas lui-même n'être qu'un avatar de (du) Mal qui souhaiterait conserver son amour tout près ?...

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J’en reste là avec mon petit trousseau de clefs. Par delà ces réflexions, amusantes dans un premier temps puis, au fur et à mesures, franchement vertigineuses, on peut ne pas aimer l’œuvre pour son ambiance qui sent le renfermé, cette cervelle individualiste qui fonctionne en circuit fermé, ce culte du virtuel comme seul aboutissement possible au bonheur. En cela Inception rejoint Avalon, d’abord antithèse de Matrix puisque le film faisait se complaire – parce qu’exister – une femme dans les limbes du virtuel, puis son prolongement, finalement, parce qu’au premier Matrix se succédèrent deux autres Matrix et que les spectateurs ne demandèrent - et ne demandent toujours - qu’à y retourner dans ce virtuel, via le cinéma, arme reconnu du virtuel, de la fuite. Fuite des acteurs, qui s'oublient le temps d'un tournage, et qui pour s'oublier encore, doivent jouer - vite ! - un autre personnage. Fuite de l'écrivain, du scénariste, qui invente et fait vivre dans sa tête tant de personnages. Fuite dus pectateur, qui... Mais, j'y pense, le niveau neigeux n'est-il pas lui-même inspiré d'un film, un James Bond ? Et, à trop voir des film en journée, de quoi en arrive à rêver un cinéphile fou la nuit ?

Lorsque The Dark Knight de Nolan est sorti, on s’est tous tripotés le zizi à fond les ballons sur ce film. Puis notre camarade MLF a finalement sorti un : "c’est juste un film". Le choc ! Ah oui, tiens, c’est juste un film. Est-ce à dire qu’à un film il faut une fin pour en sortir ? Est-ce à dire, surtout, que la réflexion a ses limites, et que ça n’est pas en sachant le pourquoi du comment qu’on sera heureux dans le réel ? Ou alors, en pensant mieux que les autres et en s’exprimant mieux qu'eux on en arrive à obtenir un statut, statut concernant le virtuel, qui permet d’obtenir une reconnaissance dans le réel, reconnaissance qui amène à la femme, cette satané inception effectuée dès la naissance qui nous fait croire à nous, pauvres hommes poilus (ou pas), que sans elle nul bonheur terrestre n’est possible. Au penseur moche et chétif d’alors rejoindre les succès du con mais beau maçon portugais en matière de gonzesses, ces démons plein de seins et de choupinettes qui nous font tourner en bourrique comme des toupies toute notre incompréhensible vie.  

Sur ce, j'arrête de me tripoter le fondement avec mon sex toy toupie et je passe à autre chose... Un autre film ?

31 juillet 2010
par Arno Ching-wan


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